Parole d’expert : Eric Vigent, chef de projet chez SCE
Chez Pysae, nous considérons que partager le savoir est essentiel. Voilà pourquoi nous avons à cœur de donner la parole à des experts. Nous nous sommes rapprochés d’Eric Vigent, chef de projet Assistance à Maîtrise d’Ouvrage chez SCE dans la région de Nantes, qui a accepté de répondre à nos questions. Éric, c’est un peu « Monsieur systèmes ». Il a travaillé 15 ans dans les SAEIV et les systèmes qui participant à l’exploitation des réseaux de transport, notamment pour le compte du SYTRAL en région lyonnaise. Depuis trois ans, il travaille chez SCE, un bureau d’études en aménagement et environnement qui œuvre sur la problématique des transports urbains. Au sein de son entité, il travaille sur la composante système des transports urbains : SAEIV, vidéo protection, priorité aux feux, information voyageurs, billettique, etc. Nous l’avons interrogé sur ses attentes en matière de SAEIV, sa vision à l’heure actuelle et dans le futur, ainsi que son avis sur le SaaS.
Que pensez-vous des SAEIV à l’heure actuelle ?
Eric Vigent : Ces dernières années ont connu un réel changement d’approche en ce qui concerne les SAEIV .
Premièrement, des solutions techniques hébergées, plus faciles à configurer et packagées ont émergé, comme Pysae par exemple.
Deuxièmement, les attentes des voyageurs ont évolué, avec l’apparition des applis mobiles qui ont marqué un vrai changement de cap. Auparavant, les voyageurs avaient moins accès à l’information, ils disposaient de bornes d’informations ou simplement de fiches horaires. Maintenant, ils veulent que l’information leur soit accessible quelle que soit la thématique, y compris pour les transports. Ce souci des voyageurs, les collectivités l’ont bien compris. Désormais, leur préoccupation première, c’est de diffuser de l’information fiable qui réponde aux attentes du public.
Troisièmement, les contrats de délégation de service public se sont durcis. Les collectivités sont plus exigeantes sur la qualité de l’offre. Et de même, les exploitants veulent maîtriser leur sous-traitance. Les systèmes SAEIV permettent d’aider l’exploitant à apporter une meilleure offre et s’assurer que le service est bien réalisé.
Que pensez-vous du marché des SAEIV ?
E.V. : Le marché dans son ensemble est plutôt riche et offre beaucoup de solutions. Cette exhaustivité ne rend pas le choix plus facile. Bien au contraire.
D’une part, tous les fournisseurs n’ont pas la même approche et ne cherchent pas à répondre aux mêmes enjeux. Je travaille pour plusieurs villes moyennes en ce moment. Ces agglomérations rencontrent des problématiques systèmes particulières, différentes de celles des grandes métropoles et des zones rurales. Ce n’est pas évident de trouver les solutions dans ce contexte, avec également des contraintes financières importantes.
D’autre part, tous les fournisseurs n’ont pas la même approche commerciale : transporteur ou collectivité, expertise technique ou présence commerciale terrain, centrale d’achat, etc. Compte tenu de cette diversité d’approche, et notamment celle de simplicité administrative promue par les « Centrales d’Achat », il est impératif pour une collectivité de bien appréhender ses besoins et savoir dans quelle mesure le système qu’elle s’apprête à acquérir va les satisfaire ou pas.
C’est là que le rôle du consultant et de l’assistant à maîtrise d’ouvrage est important. Je pense que les collectivités ont, plus que jamais, besoin d’être accompagnées afin de choisir les bons fournisseurs systèmes. Les opérateurs de transport, plus structurés, ont peut-être moins besoin d’accompagnement, ; ils ont une certaine expertise et un certain recul sur les systèmes. Mais il faut veiller à l’adéquation entre la volonté de l’AOT et la solution finalement acquise.
Est-ce qu’il y a des choses qui vous surprennent ?
E.V. : Je pense qu’il y a encore des lacunes sur le marché en matière d’interfaçage des systèmes entre eux. Par exemple, pour l’information voyageurs, nous avons besoin de faire vivre tous les systèmes en parallèle pour alimenter des systèmes unifiés. Ainsi, chez un client par exemple, les bornes d’information voyageur sont « d’ancienne génération » et nous avons du mal à les alimenter avec les data issues de nos SAEIV hyper performants. Je suis toujours surpris que ces interfaces ne soient pas une évidence.
Quelle est votre vision de l’évolution des systèmes dans l’avenir ?
E.V. : Selon moi, les SAEIV concernent déjà et vont concerner de plus en plus de réseaux qui vont monter en compétence, tirés par des besoins en information voyageurs. C’est cette partie SIV qui tire les réseaux vers le haut et leur permet de bénéficier aussi d’un SAEIV, qui leur garantit une exploitation de meilleure qualité. Il y a 10 ou 20 ans, les SAEIV étaient limités aux grandes métropoles. Ce n’est plus le cas. Toutes les villes moyennes ont besoin d’un SAEIV dorénavant.
Je pense qu’à terme nous bénéficierons d’une meilleure connexion entre les interfaces. Les échanges entre deux systèmes sont souvent compliqués à l’heure actuelle. Je pense que nous aurons une meilleure intégration des systèmes entre eux.
Quelles sont vos attentes lorsque vous choisissez un SAEIV ?
E.V. : Un point important à scruter dès l’appel d’offre, c’est la capacité du SAEIV à s’interfacer avec les autres systèmes embarqués. J’attends aussi que la solution nous permette d’accéder à l’information, particulièrement les données brutes, sans les« prédigérer ». Enfin le SAEIV doit être facile à mettre en œuvre(techniquement, mais aussi avec l’accompagnement nécessaire) . Je considère que c’est un vrai élément de réussite du projet.
Que pensez-vous du SaaS (« Software as a Service ») ?
E.V. : Le SaaS est un mode de fonctionnement plutôt malin. Il permet de rationaliser les coûts, d’évoluer en permanence sur la solution et sur l’interface. L’avantage d’une solution telle que Pysae par exemple, c’est sa lisibilité : elle est très facile à expliquer à un client.
Néanmoins, ce que je constate, c’est que les collectivités ont encore du mal à passer d’un modèle classique d’investissement à un modèle SaaS, notamment pour des questions « budgétaires », étant donné que les coûts du SaaS sont des coûts de fonctionnement – par opposition aux coûts d’investissement. Elles peuvent également avoir l’impression d’être dépossédées de ce sur quoi elles avaient la main, et de le payer plus cher.
Ce sentiment de dépossession touche aussi à l’intelligence de leurs données : les collectivités peuvent se demander où sont hébergées leurs data. J’ai constaté que ce qu’elles souhaitent, c’est avoir la main sur leurs informations et leur système.
Dernier point : le SaaS implique souvent le smartphone dans l’imaginaire collectif. Or le smartphone peut avoir l’image d’un outil fragile pour certains contextes d’exploitation. L’idéal selon moi, ce serait de réussir à montrer que le SaaS fonctionne aussi sur des terminaux durcis quand c’est pertinent.
Coordonnées:
Eric VIGENT
SCE - Chef de Projet Systèmes - Infrastructures de Transport
Tél. +33 2 51 17 29 29 | eric.vigent@sce.fr
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